Le harcèlement est un fléau dans l’Éducation nationale. Le plus connu est celui dont souffrent certains élèves. Mais il n'est pas le seul : il y a aussi celui que subissent les personnels ! A ce sujet nous voulions vous communiquer ce texte inspiré des écrits de nos amis d’AD Reims…
Le harcèlement est un fléau dans l'Education nationale. Le plus connu est celui dont souffrent certains élèves. Mais il n'est pas le seul : il y a aussi celui que subissent les personnels ! A ce sujet nous voulions vous communiquer ce texte inspiré des écrits de nos amis d’AD Reims…
Ce harcèlement peut être vertical lorsqu'il provient d'un supérieur, ou horizontal lorsqu'il provient de collègues, comme c'est le cas dans le témoignage d’un professeur du lycée international de Colomiers, diffusé récemment dans la presse et sur les réseaux sociaux (cliquez sur ce lien pour lire l'article).
Ce témoignage fait preuve d’un courage auquel il faut rendre hommage. Il souligne combien il est nécessaire de rompre le silence sur le harcèlement subi par des agents de l’Education Nationale, quels qu'ils soient, non seulement de la part de certains supérieurs, mais aussi de certains collègues - ceux-ci et ceux-là se faisant insidieusement complices de menées destructrices dont les motivations profondes (jalousie, désir de pouvoir, idéologie …ou simplement préoccupations carriéristes !) mériteraient d’être décryptées.
Sont complices également ceux qui les observent mais préfèrent se taire, souvent par crainte, parfois par incompréhension : des témoins devenus complices malgré eux. Sont complices aussi certaines instances lorsque, informées, elles préfèrent fermer les yeux ou laisser trainer avant d'agir/réagir : des complices de plein gré. Quand la réaction arrive (d’un personnel de direction, d’un IPR soucieux de préserver un enseignant, d’un responsable syndical inquiet de l’évolution de santé d’un agent…), il est souvent trop tard.
C’est ainsi que sont détruits des carrières et des talents professionnels, la santé mentale et la santé physique, les liens sociaux et l’équilibre familial. L'impact sur l'entourage proche de celui qui subit ces menées est, lui aussi, bien réel : des collègues et amis déconcertés et impuissants, des enfants inquiets de voir ainsi leur père malmené ou leur mère en désarroi, un conjoint qui n’en peut plus de soutenir sans savoir comment s’y prendre, sans avoir prise…
L'agent harcelé, victime d’une situation qui le dépasse, tend, tout d’abord, à se remettre lui-même en cause : il préfère généralement se taire et redoubler d’efforts dans l’espoir que sa bonne volonté permettra d’apaiser une relation que fausse d’emblée un interlocuteur qui le met sciemment à mal. Vains efforts, hélas : une fois la machine du harcèlement lancé, tout donne prise.
Paradoxalement, la victime, de plus en plus isolée, se sent coupable… surtout si, quand l’agent se résout à signaler et « officialiser » le problème, on lui répond qu'il manque de loyauté à l'égard de sa hiérarchie ou d’esprit d’équipe à l’égard de ses collègues. Parfois même on lui oppose qu’il s’agit seulement d’un « RESSENTI » de sa part, que le problème pourrait venir de lui et qu’il doit se poser des questions sur sa personne et ses pratiques !
Qui n’a pas connu ce collègue qui n’intègre pas la « doxa » ambiante ou les objectifs du projet pédagogique d’établissement ou de l’équipe disciplinaire ? Ou bien qui critique la politique éducative de l’établissement, de l’académie ou du Ministère ? Et qui a été mis de côté voire quasi poussé dehors, sans aucun scrupule, par un organigramme rempli de fonctionnaires loyaux qui auront « fonctionné » sans qu’on puisse leur faire le moindre reproche.
Tout cela a un coût, non seulement pour l'agent qui en souffre directement, mais pour le collectif : à long terme, c'est tout le fonctionnement de l’institution qui est impacté, en profondeur.
Pour « Action et Démocratie », l’omerta ne peut plus durer.
Il y a urgence à dénoncer haut et fort la réalité du harcèlement dans l’Education nationale, fléau dont les élèves ne sont pas les seuls à subir les méfaits - un comble pour cette institution de formation des futurs citoyens, au sein de laquelle certains usent, à l’égard des personnels placés sous leur responsabilité ou des collègues dont ils partagent le quotidien, de procédés malsains et destructeurs !
A l’heure où l’on n’a jamais autant parlé de santé au travail, à l’heure où l’on use rue de Grenelle ad nauseam des mots « bienveillance » et « confiance », alors même que depuis des années, la Direction Générale du Travail publie circulaires et articles de lois relatifs à ce problème, nous demandons que soient enfin garantie, dans les faits, la dignité de tous les membres de la communauté éducative. Dans une société où trop de personnes souffrent de ne pas avoir de travail, il est intolérable qu’une partie de ceux qui en ont puisse en souffrir.
Alors, que proposons-nous ?
En premier lieu ne pas rester isolé. En parler autour de soi, contacter un représentant syndical « Action et Démocratie CFE-CGC » pour être entendu et conseillé puis éventuellement assisté. Ces affaires sont souvent compliquées à traiter mais des solutions existent pour chaque type de harcèlement tant vertical (le plus connu) qu’horizontal (qui en parle à part « Action et Démocratie » ? poser la question revient à y répondre…).
Pour ceux qui désirent en savoir plus sur ce thème nous renvoyons aux travaux de nos amis d’AD Normandie (voir lien ci-dessous).
lien article AD sur le Management pervers et la fracture des groupes professionnels dans l'EN
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