Panique dans l'académie de Versailles qui recherche en catastrophe pour la rentrée de septembre 700 professeurs des écoles, 600 professeurs en collèges et lycées, 600 AESH, 60 psychologues, 40 médecins scolaires et 35 infirmiers...
De quoi faire monter au créneau la Rectrice elle-même qui, parée de ses plus beaux atours, a décidé de faire de la retape à destination du grand public à travers une vidéo pathétique !
Voilà à quoi en est réduite aujourd'hui l'Education nationale, qui fut une des fiertés de la République. Paix à son âme...
C’est une courte vidéo diffusée cette semaine sur les réseaux sociaux, on y voit Mme Charline Avenel, rectrice de l’académie de Versailles, inviter à un grand « job dating » pour recruter des personnels : professeurs des 1er et 2nd degré, AESH, psychologues scolaires etc… Avis à la population : on n’a plus de personnels d’éducation, il nous en faut d’urgence et on ne sera pas regardant. Merciiiii !
Si cette initiative a de quoi surprendre (épouvanter), elle n’est pas inédite puisque l’académie de Toulouse avait réalisé une opération similaire il y a deux mois. Mais dans le cas de Versailles, c’est l’ampleur de l’opération qui stupéfie : on parle de centaines, voire de milliers de postes à pourvoir, et c’est urgent !
Vous avez le Bac ? Allez hop un rapide entretien d’embauche et le job est à vous. Comment ? vous n’avez jamais enseigné les maths ? OK mais vous avez déjà fait l’appoint en achetant votre baguette, tout de même. Vous ne parlez pas espagnol ? mais vous avez déjà dansé sur la Macarena comme tout le monde…
Bien sûr la désaffection pour le métier d’enseignant n’est pas nouvelle, cela fait des années que les rectorats, les DSDEN, doivent gérer la pénurie de personnels en priant pour que ça ne se voie pas trop. Mais si l’on n’a pas attendu le quinquennat d’Emmanuel Macron pour voir baisser le nombre de candidats, on assiste cette année à un véritable effondrement. A titre d’exemple, ce printemps, l’académie de Versailles a proposé 1430 postes au concours de professeurs des écoles, or 484 candidats sont admissibles ! Au moins deux postes sur 3 ne seront pas pourvus. C’est du jamais vu !
Les métiers de l’enseignement n’attirent plus. Pire : ils font fuir. Non seulement les recrutements s’effondrent mais les démissions et ruptures conventionnelles explosent.
Les causes sont évidemment connues : salaires faibles, temps de travail non reconnu, conditions de travail de plus en plus difficiles, disparition de l’autorité, impunité face aux violences scolaires, phénomène « pas de vague », pression hiérarchique, réformes incessantes autant que néfastes, délires pédagogistes, dévalorisation de l’image des enseignants dans la population :feignant, privilégié, en vacances, etc.
Durant l’année scolaire 2021/2022, la crise du covid a évidemment aggravé cette pénurie, contraignant les académies à faire les fonds de tiroirs et surtout à recruter toujours plus de personnels contractuels… avec la bénédiction du Gouvernement.
Pour quelques missions réussies, combien de « contrats » ont rapidement tourné court lorsque le novice fraichement débarqué a réalisé dans quelle cage aux lions on l’avait envoyé pour un salaire de misère ?
La confiance affichée par le Ministère est –comme d’habitude- exaspérante tant elle transpire la mauvaise foi. Non non pas d’inquiétude, tout est normal, car nous avons modifié les modes de recrutements, etc… Des explications très marginales au regard des volumes de candidats manquants ! Mais devant les médias, pas d’inquiétude, M. Blanquer s’en tire toujours.
Il y a quelques années, on n’osait imaginer que l’on pourrait en arriver là un jour : un « job dating » pour recruter des enseignants, précaires, mal payés et surtout à peine formés.
Un mode de recrutement qui va encore accentuer la dévalorisation du métier, mais que Blanquer assume parfaitement aujourd’hui. Après avoir TOUT fait pour faire fuir les candidats aux métiers de l’enseignement, le Ministère se prétend contraint de recruter en mode low-cost.
Mais même ainsi, on souhaite bon courage à Mme Avenel et à son équipe de DRH car qu’auront-ils à proposer pour convaincre d’éventuels candidats ? Un métier réputé très difficile sans les avantages dont bénéficient les titulaires. Autre chose, Mme la rectrice ? Ah oui « un métier qui a du sens »…
Action & Démocratie CFE-CGC dénonce la contractualisation de l’enseignement voulue par le gouvernement d’Emmanuel Macron.
L’institution scolaire a besoin de personnels dûment formés, correctement payés et respectés à la hauteur de ce qu’ils apportent à la Nation tout entière !